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Agriculture : comment transformer le monde rural africain


Longtemps galvaudée, la modernisation de l’agriculture africaine devient une impérieuse nécessité. – © Jeune Afrique.

Texte par : Kafoun Barry

En Afrique, le monde rural est essentiellement basé sur l’agriculture, l’élevage, la pêche et l’artisanat. Il est hélas très peu industrialisé. Or aujourd'hui, il devient essentiel de coordonner les activités du monde rural avec la protection de l’environnement, afin d'atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) en matière d’autosuffisance alimentaire.

La majorité de la population africaine est rurale. Les civilisations sont culturellement attachées à la terre. Une véritable opportunité, du fait de la disponibilité de la ressource humaine, qui reste le principal facteur de développement agricole.

Sur le plan stratégique, l’inamovible duo coton-cajou est un risque. L’Afrique doit tendre vers une diversification optimale de la matière première par des choix intelligents et objectifs. Car lorsque l'agriculture est accompagnée de la science, dans le respect de l'environnement, cela permet véritablement d’optimiser la production. Et  ceci, de manière durable. 

Ainsi, les pays africains pourraient moderniser leurs outils de production, afin de garantir une approche plus saine et une meilleure  productivité.

En réalité, un encadrement strict des producteurs améliorera grandement leurs rendements, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Les responsables en charge du secteur agricole devront planifier, de manière cohérente, l’ensemble de la chaîne agro-industrielle.

L'avenir de l’agriculture passe par la création de valeur ajoutée, à travers la transformation des produits. La prise en compte des besoins alimentaires dans la politique agricole permettra d’alléger le coût de la vie et de remplir le panier de la ménagère ; avec des réformes inclusives qui garantiraient des prix accessibles.

L’agriculteur doit cesser de servir les intérêts des spéculateurs de produits agricoles pour incarner ce qu’il est en réalité, la main qui nourrit le peuple

Longtemps galvaudée, la modernisation de l’agriculture africaine est d'une impérieuse nécessité. Il faut agir méthodiquement sans mettre en péril les intérêts des générations futures. Il urge donc, de déterminer les objectifs chiffrés de chaque campagne agricole au niveau de chaque filière, avec une priorité pour les cultures de consommation interne, tout en étudiant l’impact environnemental de toutes les filières agricoles actuellement disponibles dans les pays.

Dans cette dynamique, les Etats sont appelés à lutter contre les cultures à hauts risques pour l’écosystème, œuvrer pour une mécanisation adaptée et non imposée et inciter les producteurs à privilégier les grandes exploitations dotées de structures de gestion basées sur le rendement et le résultat économique en rapport avec la mise en place de crédits agricoles conséquents.

C’est également le rôle des Etats d’investir massivement dans la recherche avec une implication directe dans la détermination des axes de travaux des chercheurs, d’intensifier et généraliser les politiques d'accès à l'eau et l’énergie électrique dans les zones rurales afin d’accompagner les programmes de modernisation.  Ceci, en ne perdant pas de vue la rationalisation des terres, dans le cadre de la préservation de l'environnement.

Les pouvoirs publics doivent sensibiliser suffisamment les producteurs sur les avantages des nouvelles garanties sur le foncier rural, mettre en œuvre chaque année, les programmes de réfection des pistes rurales afin de faciliter l’écoulement des produits vers les centres de consommation, encadrer l’exploitation des forêts dans un cadre législatif et réglementaire approprié et accompagner les efforts de transformation artisanale ou industrielle de certains produits agricoles.

Tenter d’autres approches

D’autres dispositifs peuvent être expérimentés, pour assurer l’autosuffisance alimentaire et créer des emplois ruraux non agricoles en rendant disponibles l’énergie, l’eau et les technologies numériques.  Il faudra renforcer les politiques de sécurisation de l’accès et de la transmission du foncier pour encourager les investisseurs.

La création d’une banque de crédit agricole dans chaque pays pour accompagner les producteurs agricoles, ainsi que d’une centrale d’achat et de vente de produits agricoles dotée d’une gestion transparente pour mutualiser les coûts, serait un appui de taille pour le secteur. A cela pourraient s'ajouter d’autres mesures telles que la rationalisation et la rentabilisation de l'exploitation forestière, en application d'une politique cohérente de reboisement et de protection des essences rares.

Enfin, le secteur serait dynamisé grâce à la diversification et la promotion des filières agricoles telles que celles de l'ananas, le palmier à huile, l'anacarde, le cacao, le coton, le riz, le maïs, la tomate, le piment, le manioc, l'igname, le haricot, le soja.

Une politique de production et d’écoulement des produits des paysans vers les centres de consommation par l'organisation des coopératives et autres types d'associations mérite d’être instaurée. Sans oublier la recherche appliquée et intégrée dans le domaine agropastoral et la création de petites et moyennes entreprises pouvant conserver et transformer certains produits locaux. Ces unités industrielles doivent être installées dans les zones à forte production des produits agricoles.

Si ces solutions venaient à être mises en œuvre, le monde rural sera un grand levier pour les économies africaines, actuellement endeuillées par la pandémie de Covid-19.


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