Afrique : les clés d’une administration forte pour un développement durable

Il existe une impressionnante documentation sur le diagnostic et la mauvaise gouvernance en Afrique. Des rapports d’organismes, des études d’experts, des mémoires d’étudiants, des travaux de chercheurs, des rapports administratifs, tous ont été consacrés aux défis du développement de l'Afrique. Quelle est la place de l’administration publique dans l'essor du continent africain ?

Après consultation de plusieurs acteurs de la vie politique et économique, de nombreuses personnes de divers milieux sociaux sur le continent et dans la diaspora, un constat apparaît : les pays africains restent confrontés à des défis majeurs. Ces défis à relever sont de taille et nécessitent des actions ciblées et efficaces dans plusieurs secteurs d'activité dont l’administration publique. Ce qui permettra d’obtenir un impact concret, rapide, systématique et perceptible pour les travailleurs.

Ainsi, pour impulser les transformations qualitatives attendues par tous les Africains, les Etats ont besoin d’un appareil fort et adapté, qui puisse répondre aux défis.

L’administration publique est aujourd’hui, totalement décriée et ne semble pas en mesure de combler les attentes des citoyens. Car, au-delà des questions de compétence et d’aptitude de certains agents de l'Etat, l'administration est en perte de vitesse, accumulant retards et totale désorganisation. Avec pour conséquences néfastes, l'inapplicabilité des différents programmes élaborés.

Un logement pour chaque fonctionnaire

Il existe des initiatives originales, axées sur le fonctionnaire et l’infrastructure administrative. Elles ont pour but, l'épanouissement des travailleurs, à la fois sur leur lieu de travail, que dans leur cadre de vie habituel. Ainsi est née une dimension sociale de l’emploi du fonctionnaire, longtemps reléguée au second plan, à travers son habitat.

Il ne s’agit plus de confondre les travailleurs de l’Etat ou des structures parapubliques dans des programmes de logement fondés sur le business et le profit. Cette fois, les services publics africains sont appelés à mettre en place un certain nombre de mesures adaptées aux réalités sociales de ses travailleurs, dont notamment  le concept de : « un logement pour chaque fonctionnaire ».

Avec la cherté de la vie et les excès du libre-échange observés sur le marché de l’immobilier, l’une des principales victimes reste le fonctionnaire. Les agents des administrations africaines sont de plus en plus laissés pour compte, se retrouvant dans des banlieues reculées, souvent bien loin de leurs lieux de travail. Alors, pour y remédier, ces nouveaux programmes étatiques ont pour objectif, de rapprocher le travailleur de son lieu de travail.

Les cités thématiques

Les cités thématiques consistent à regrouper les travailleurs dans des cités modernes, surtout en agglomération urbaine, par secteur d’activité. Ainsi, les grandes villes seront dotées de cités des enseignants, cités du personnel de santé toutes catégories confondues, cités des policiers, cités des douaniers, cités des agents des finances, etc.

Outre les logements, ces cités doivent comporter tous les services et le confort moderne nécessaires : établissements scolaires pour les enfants des agents, centres commerciaux, centres de santé, aires de jeux...

La multiplication de ces sites de regroupement de foyers de travailleurs permet de rapprocher ces derniers de leur lieu de travail tout en les maintenant en contact avec leurs familles respectives. La conséquence directe est la disparition progressive des primes de logement et de celles des transports des budgets de fonctionnement des institutions qui pourraient par la même occasion juguler les questions d’absentéisme, de déperdition et de performance. Et même en cas de grève, l’agent reste dans la même zone géographique qui lui sert à la fois d’habitat et de lieu de travail.

L’administration décentralisée sur le même modèle d’habitat des agents

L’administration locale est également inscrite dans la dynamique de préservation du cadre de vie et de travail du personnel. Il est inconcevable que des agents, pour des questions financières, soient obligés de vivre en dehors des municipalités dans lesquelles ils travaillent. L’idéal visant à rapprocher l’administration de l’administré ne peut être une réalité alors que les agents administratifs eux-mêmes vivent éloignés du lieu d’implantation des services de l’administration.

Avec « un logement pour chaque agent de l’administration », la notion d’administration de proximité prend corps pour un  développement harmonieux du continent. Car l’administration est un levier essentiel de la croissance.

Vers une administration apaisée et moderne

Après avoir assuré un mieux-être aux travailleurs en leur garantissant un cadre de vie et de travail décent, il ne peut plus être toléré le moindre manquement à la loi; notamment concernant l’organisation des concours de recrutement. En effet, l'application des textes en vigueur doit être respectée avec la plus grande rigueur, afin de permettre une totale transparence et une égalité des chances à tous les citoyens postulants.

Par ailleurs, il est impératif de moderniser l’administration publique à travers des systèmes informatiques performants et un usage Internet rapide, dans les relations publiques, l’archivage et les recherches.

La dématérialisation des procédures est également importante, pour promouvoir le rendement et l’aptitude au sein des services administratifs.

D'autre part, il est nécessaire de systématiser les appels à candidatures pour les postes de haut niveau et d'’automatiser les démarches administratives des usagers, afin de réduire les délais et les risques de corruption active ou non.

Si en plus de cela, les cités thématiques et le système de rapprochement des agents de leurs usagers à travers les logements pour tous deviennent une réalité, l'administration publique dans les pays africains deviendra plus performante et porteuse d'avenir.