Youssouf Carius : de Wassakara à la haute finance, itinéraire d’un bâtisseur de rêves
Heure de publication : 16:58 - Temps de lecture : 3 min 3 s

Après avoir travaillé au sein de l’agence de notation Bloomfield Investment, Youssouf Carius a créé un fonds d’investissement, Pulsar Partners. – © Forbes Afrique.
Enfant d’un quartier populaire d’Abidjan, passé par les bancs d’une prestigieuse école d’économie en France, Youssouf Carius incarne l’exemple vivant de la résilience et de l’audace entrepreneuriale. À seulement 30 ans, il fonde Pulsar Partners, un fonds d’investissement ancré en Côte d’Ivoire. Portrait d’un homme qui a transformé les obstacles en tremplins et qui croit en la puissance des rêves bien construits.
Texte par : Léonce Houngbadji
Né et grandi à Yopougon Wassakara, l’un des quartiers les plus animés d’Abidjan, Youssouf Carius n’a rien d’un héritier fortuné. Entre les bagarres de rue, les coupures de courant et les repas partagés entre voisins, il apprend très tôt le sens de l’effort, de la débrouillardise et de la solidarité.
Son père, tailleur, et sa mère, femme au foyer, font de leur mieux avec peu de moyens. Grâce à la solidarité familiale, il intègre le prestigieux Lycée français Mermoz, mais doit chaque soir faire un long périple pour retrouver sa maison à Wassakara. Là où certains rentrent en voiture à Cocody, Youssouf "décompose" les lignes de bus, bateau-bus et gares bondées, toujours animé par une détermination inébranlable.
À 17 ans, il décroche son baccalauréat et s’envole pour la France. La suite n’a rien d’un conte de fées : petits boulots, logement précaire, solitude, et pas de retour au pays pendant toute la durée de ses études par manque de moyens. Il est tour à tour plongeur dans un restaurant Buffalo Grill et locataire d’une chambre sans confort à Toulouse.
Mais rien n’ébranle sa volonté. Étudiant brillant, il sort diplômé de la Toulouse School of Economics, avec une spécialisation pointue en économétrie, statistique et actuariat. À peine diplômé, il intègre BearingPoint, cabinet américain de conseil à Paris. À 22 ans, il rejoint Information Resources, puis Accenture, où il accompagne des géants comme Google, Sanofi, Coca-Cola ou la Société Générale. Son carnet d’adresses se remplit, son expérience s’approfondit.
Retour au pays, passage stratégique et envol entrepreneurial
En 2013, mû par un désir profond de contribuer à l’émergence de son pays, il rentre en Côte d’Ivoire. Il est repéré par Stanislas Zézé, fondateur de Bloomfield Investment, où il devient rapidement Directeur du département d’analyse économique, puis Vice-Président à 29 ans.
Mais son ambition initiale reste intacte : créer sa propre entreprise. Un rêve mûrement réfléchi, qu’il concrétise en 2016, à l’âge de 30 ans, avec la création de Pulsar Partners, un groupe d’investissement spécialisé dans l’immobilier (résidentiel, bureaux, entrepôts). Il cofonde l’entreprise avec son épouse, également son pilier de vie.
Aujourd’hui âgé de 36 ans, Youssouf Carius est à la tête d’une entreprise stable, en croissance continue malgré les turbulences économiques. Il est devenu un modèle de réussite jeune, africaine et responsable. Son chemin témoigne d’un mélange de vision, de résilience, d’exigence et de foi en l’avenir.
Il n’a jamais oublié d’où il vient. Il reste profondément attaché à Wassakara, convaincu que la vraie richesse naît de la rigueur, de l’humilité et du travail. Son message aux jeunes ? « C’est dur, mais ça vaut la peine. Rêvez haut, travaillez dur, gardez le cap. »
Son histoire nous rappelle que l’excellence ne se décrète pas, elle se construit, pas à pas, parfois dans l’ombre, souvent dans la douleur, mais toujours avec foi. À tous les jeunes d’Abobo, de Toulouse, de Korhogo ou de Toupah, il lance un appel : les études, la discipline et la passion peuvent vous hisser là où vous ne l’auriez jamais cru possible. Il est la preuve que l’on peut naître à Wassakara et bâtir un empire. Il suffit d’y croire… et de ne jamais abandonner.