Alain Kouadio : de cireur de chaussures à bâtisseur de villes intelligentes

Il a connu les bancs de l’échec, les rues de la débrouille, les illusions d’un avenir incertain. Mais à force de résilience, de discipline et de vision, Alain Kouadio s’est hissé parmi les figures majeures de l’immobilier et de la technologie en Afrique de l’Ouest. Fondateur du Groupe Kaydan, il est aujourd’hui l’un des entrepreneurs les plus influents de Côte d’Ivoire. Son histoire prouve que partir de très loin n’empêche pas d’atteindre les sommets.

Né dans une famille nombreuse de 24 enfants, Alain Kouadio grandit à Gagnoa, puis à Dimbokro, dans une relative précarité. Il cire les chaussures des voyageurs, vend des bouteilles vides et des fruits, danse en boîte pour quelques billets. À l’école, les résultats sont aussi chaotiques que la situation familiale : trois redoublements avant le bac. Et pourtant, sous cette apparente fragilité, une graine de ténacité germe déjà.

Diplômé du bac C à 20 ans, il entre à l’Université d’Abidjan, où il jongle entre études de physique-chimie et commerce informel : jeans 501, polos Lacoste, voitures sous-louées aux étudiants friqués… À la force du poignet, il se bâtit une éthique du travail, sans relâche.

Son père parvient à l’envoyer au Canada. À l’Université de Sherbrooke, il décroche une maîtrise en physique du solide, puis une autre en administration des affaires à Moncton. La dévaluation du franc CFA le rattrape. Il travaille, postule — sans succès — à 82 offres d’emploi depuis le Canada.

C’est finalement KPMG Côte d’Ivoire qui lui ouvre la porte. Mais la porte est étroite : en une année, il est à deux doigts d’être licencié pour insuffisance de résultats. Un échange anodin avec la mère d’un ami change tout : "Essaie de travailler de 7h à 20h", lui dit-elle. Il applique la méthode à la lettre, six ans durant. De consultant junior, il grimpe à la tête du département conseil.

L’échec d’hier, tremplin de demain

Après un passage au Groupement des Professionnels du Pétrole (GPP), Alain Kouadio fait ses armes dans le monde des affaires. Il prend des parts dans une jeune entreprise d’architecture, Archibo Design. L’entreprise grandit vite, trop vite, jusqu’à l’effondrement.

Mais c’est de cette chute que naîtra Kaydan. En 2012, il fonde le groupe éponyme, bâtissant patiemment un conglomérat structuré en deux pôles : Immobilier et Technologie.

Aujourd’hui, Kaydan, c’est :

• Plus de 1 000 logements livrés et 1 200 en construction,
• 25 000 résidences connectées à la fibre optique,
• Le premier parc à mini-data centers d’Afrique de l’Ouest,
• La construction d’une ville intelligente à Grand-Bassam (644 logements, deux écoles, centre commercial, poste de police).

Mais c’est aussi un engagement fort auprès de la jeunesse : la Kaydan Fondation sillonne le pays, organise des caravanes éducatives, finance des bourses, soutient la formation supérieure en Côte d’Ivoire et à l’étranger. À ses côtés, des personnalités comme Didier Drogba, Fabrice Sawegnon ou Stanislas Zézé.

Un leader au service d’un continent

Diplômé d’Harvard depuis 2018, aujourd’hui en doctorat d’économie, Alain Kouadio est aussi un pilier du patronat ivoirien. Vice-président de la CGECI, président du CGECI Awards, il milite pour une Afrique entrepreneuriale, innovante, connectée et inclusive.

Du cireur de chaussures au développeur de villes, Alain Kouadio est plus qu’un entrepreneur : c’est un bâtisseur de destins. Il n’a pas été épargné par l’échec, mais il en a fait un tremplin. Il n’a pas toujours eu les moyens, mais il a toujours eu une vision. Aujourd’hui, il redonne à la jeunesse ce que la vie lui a enseigné : le courage, la constance, la foi en soi.