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Tina Lobondi, créatrice de mode éthique : une femme inspirante et influente sur qui il faut compter pour bâtir l’Afrique de demain


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Heure de publication : 19:30 - Temps de lecture : 15 min 41 s

Tina Lobondi, au milieu, fondatrice de la marque "Tina Lobondi", plusieurs de ses collections uniques sont sur le marché africain et international. – © Tina Lobondi.

Propos recueillis par Jean-Etienne Dirney

Créatrice de mode depuis 2010, rédactrice en chef du magazine Esimbi, directrice créative sur des projets innovants, consultante en marketing pour des entreprises, entrepreneure visionnaire engagée dans la promotion et la valorisation de la culture africaine et des femmes qui façonnent l’Afrique de demain… Ainsi se résume le parcours inspirant de Tina Lobondi. Originaire de la République démocratique du Congo (RDC), elle a réussi à s’imposer dans la mode éthique, la communication et les médias. Par ses idées novatrices, ses actions concrètes sur le terrain et sa personnalité, elle fait partie de la liste des femmes africaines les plus influentes de la planète. Femme de réseaux en Angleterre, en France et en Afrique francophone et centrale, Tina Lobondi est devenue l’une des femmes sur qui il faut compter pour bâtir l’avenir du continent, montrant, au quotidien, un incroyable leadership dans chacune de ses activités professionnelles, notamment dans la mode, avec des collections et défilés uniques. Beaucoup de personnalités africaines et internationales portent ses vêtements. Dans cette interview exclusive, nous vous proposons de découvrir une femme battante et géniale qui fait tourner l’Afrique, inspire sa jeunesse, la laisse admirative et lui prouve que dans la vie, rien n'est impossible.

Comment expliquez-vous votre passion pour la mode ?

 

Je suis dans le secteur créatif depuis des années. La mode était un hobby qui a commencé avec des dessins. Ma passion, c’est de pouvoir créer et cela ne se limite pas seulement à la mode.

J’ai dû me rendre à Londres pour me donner les moyens de réaliser mon rêve d’enfance. Partir à Londres était la meilleure décision que j’aurais pu prendre pour moi à cette période. Mon objectif était d’améliorer mon anglais. L’école de stylisme m’a appris que, peu importe la grande école que vous intégrez, l’école de la vie et les expériences sur le terrain sont celles qui vous forgeront le plus. J’ai appris de bonnes bases certes, mais tout ce que j’ai dû appliquer pour avancer, c’était dans les stages et les petits boulots d’étudiante. Londres est une ville unique qui offre beaucoup d’opportunités à ceux qui savent s'en saisir.

 

Vous choisissez de vous spécialiser dans le prêt-à-porter haut de gamme pour femmes. Pourquoi un tel choix ?

 

J’ai choisi le prêt-à-porter pour femmes parce que c’est ce qui m’inspire le plus. La garde-robe hommes est plus limitée dans notre société et j’avais envie d’explorer ma créativité.

 

Plusieurs de vos créations contemporaines sont aujourd’hui sur le marché. Quels sont les composants que vous utilisez dans vos collections ?

 

J’utilise des tissus divers et variés tels que le coton bio, la soie, l'organza ou le textile africain. L’important, c’est de ne pas gaspiller les matières premières. J’utilise rarement du wax et j’imprime mes propres tissus avec les motifs créés par mon atelier.

 

"Tina Lobondi", c’est le nom de votre marque. Qu’est-ce qui fait sa particularité sur le marché de la création ?

 

Tina Lobondi, c’est tout d’abord le nom de mon arrière-grand-mère et le mien. Il est unique et d’origine congolaise et non italienne comme on me le demande souvent.

Ma nouvelle collection est la célébration des 10 ans de mon travail dans la mode. Les imprimés sont inspirés du Zaïre, le pays de mon enfance, et ils reflètent cette joie de vivre dont je me rappelle.

J’ai participé à plusieurs défilés dans le monde. Ils étaient tous inspirés par des sources variées. Que ce soit les origines ou autres. Je faisais deux collections de plus de 25 pièces par an mais après un break de 4 ans, je souhaite faire les choses autrement.

 

Vos collections ont connu un grand succès. La chanteuse d’origine béninoise Angélique Kidjo, la chanteuse anglaise Lianne La Havas ainsi que les actrices de la série britannique "Eastenders", Shona McGarty, Hetti Bywater et bien d'autres portent vos vêtements. Comment voyez-vous cette marque de confiance ?

 

C’est toujours un honneur d’habiller des personnalités ou des gens que j’admire, cependant ce n’est pas ma priorité quand je dessine une robe par exemple. C’est rare que les célébrités achètent les produits des créateurs car ils reçoivent beaucoup de cadeaux donc pour les jeunes marques cela peut devenir un budget marketing conséquent. Il faut se focaliser à créer de bons produits.

 

En Afrique et dans le monde, quel défilé vous a le plus marqué positivement et pourquoi ?

 

C'était une initiative du gouvernement sud-africain qui avait réuni plus de 15 créateurs africains des 4 coins du monde. Nous étions complètement pris en charge. Cet événement extraordinaire m'a permis de rencontrer la grande chanteuse Chaka Khan. C’était important de réunir les créateurs et avoir des conversations pour faire avancer l’industrie de la mode en Afrique et l’Afrique du Sud l’a compris depuis longtemps. C’était entre 2015 et 2016.

 

En RDC, votre pays d’origine, plusieurs organisations caritatives reçoivent des soutiens de votre part, notamment dans le domaine de l’éducation des filles et des enfants. Quel est l’impact de ces actions sociales sur les bénéficiaires ?

 

Via mon initiative sociale ESIMBI, nous organisons des MasterClass avec l’objectif de créer des opportunités d’emploi et d’apprentissage dans les métiers artistiques. Nous avons eu la chance d’avoir la contribution de grandes personnalités sur plusieurs projets, ce qui a beaucoup aidé. Les jeunes ont pu trouver des stages, d’autres des emplois.

 

Quel bilan personnel faites-vous de votre contribution à la valorisation et à la promotion du patrimoine textile africain ?

 

J’ai créé une marque et un magazine qui font la promotion de mon pays et de l’Afrique. Je pense que c’est déjà bien. Les créateurs qui font réellement une promotion des textiles africains sont, par exemple, Imane Ayissi et bien d’autres. Je les admire car c’est très difficile. La continuité dans la qualité n’est pas toujours possible et il faut parfois expliquer cela aux clients. Mais le marché est là et il faut investir.

ESIMBI magazine raconte les histoires des entrepreneurs africains sur le continent et la diaspora. Il se spécialise dans la culture, l’entrepreneuriat, la mode et la beauté. Il est distribué aux Congo Kinshasa et Brazzaville, en Côte d’Ivoire et en France.

 

Au regard de votre expérience, quel est l’état des lieux du secteur de la mode en Afrique ?

 

Il y a encore un long chemin à parcourir. Il faut des investisseurs, des infrastructures, des formations pour faciliter les échanges sur les codes de l’industrie.

 

Que proposez-vous concrètement pour le rendre plus dynamique au plan africain et surtout international ?

 

Les formations aideront énormément. Construire des écoles, créer des opportunités d’emploi, amener des experts du métier. Dakar a un marché d’artisans qui sont également des grossistes ou fabricants. Chaque pays d’Afrique devrait avoir ça. Cela ouvrira davantage ce marché et permettra aux créateurs africains de faire du Made in Africa. Certains acteurs de cette industrie font beaucoup de la comédie et c’est dommage. L’argent reçu pour des projets de formation, construire des écoles ou autres est très souvent détourné à des fins personnelles.

 

Quelle pourrait être, selon vous, sa contribution dans la construction de l’Afrique de demain ?

 

Il faut tout simplement commencer à poser les bonnes bases. Adama Paris et d’autres font des projets extraordinaires pour faire avancer la mode en Afrique. Je suis fière de constater cela et c’est ces initiatives qui feront la différence. Être consistant, cohérent, professionnel, créatif dans notre travail.

 

Votre réussite professionnelle est incontestable.  Quel est votre secret ?

 

Je n’ai pas de secret. J’ai travaillé dure et j’ai dû faire beaucoup de sacrifices, qui continuent toujours. Il n’y a pas de formule magique mais après des années d’expérience, on apprend à être plus stratégique donc on fait les choses plus rapidement.

 

Aux jeunes qui veulent s’engager dans l’entrepreneuriat en général et dans la mode en particulier, quels conseils avez-vous à leur donner ?

 

Je leur dirais de faire confiance à leur instinct et de créer leur propre opportunité.

 

Quels sont vos prochains projets ?

 

Je travaille sur un projet audiovisuel et des événements divers pour l’année prochaine. Nous partagerons plus d’informations au moment venu.

 

Votre dernier mot ?

 

Merci pour cette opportunité de me présenter à vos lecteurs et internautes. Je les invite à découvrir mon magazine (www.esimbimagazine.com) et ma marque (www.tinalobondi.com) sur nos sites.

Quelques créations de la marque "Tina Lobondi" en images. – © Tina Lobondi.

Unes du magazine Esimbi de "Tina Lobondi". – © Tina Lobondi.


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2 Commentaires

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Monique
17 DECEMBER 2022 à 23:02

Impeccable comme parcours et réalisations.

Véronique
17 DECEMBER 2022 à 22:32

Bravo à Tina pour sa créativité et l'inspiration qu'elle dégage. J'ai eu l'occasion de prendre part à deux de ses défilés. C'était exceptionnel !

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