Financement de la transition énergétique en Afrique : Lionel Zinsou propose des instruments innovants

Les 15 et 16 mai 2023, la ville de Marseille a abrité la 2ème édition du Forum Europe-Afrique, précisément au Mucem et au Palais du Pharo. Plus de 60 intervenants ont pris part à ce rendez-vous majeur, accélérateur de solutions innovantes et de coopération entre les deux continents, dont Lionel Zinsou. L’intervention de l’ancien Premier ministre du Bénin, président de la Banque d’affaires SouthBridge et ancien associé-gérant de Rothschild & Cie, portait sur le financement de la transition énergétique en Afrique.

Lors de ce Forum Europe-Afrique, sur la question du financement de la transition énergétique en Afrique, l’ancien Premier ministre du Bénin a fait l’état des lieux et proposer des mécanismes innovants. D’entrée de jeu, Lionel Zinsou a fait observer que le continent africain n’est pas le grand pollueur de la planète. « L’Ouganda est à 0,1% de gaz à effet de serre. La Tanzanie est à 0,2%. Pourtant, il y a des gens qui demandent l’arrêt de l’exploration du pétrole en Ouganda. Ils disent : Ne construisez pas de pipeline contournant le Kenya jusqu’à la Tanzanie. Or, il y a des pays qui ont des émissions de 30 tonnes par habitant. Parfois c’est de ces pays que viennent des leçons. On a un sujet d’équité. Ce n’est pas un sujet d’aide. Ce n’est pas principalement un sujet économique et financier. On a de vrais sujets d’équité et de justice climatique. On va finir par imposer un modèle africain », fait savoir cet économiste de renommée internationale.

Saluant l’initiative du président français, Emmanuel Macron, sur le financement, il a proposé des instruments innovants pour accélérer la transition énergétique sur le continent. « Le président Macron a eu l’idée de créer un nouveau pacte financier pour arriver à continuer à financer le développement à travers les grands objectifs de développement durable. On ne peut pas démunir tout ce qui est consacré à la réduction de la pauvreté parce qu’on va avoir des besoins d’investissement sur le climat. Comment on arrive à ne pas démunir l’effort pour le développement tout en étant capable de dégager de ressources nouvelles pour la transition ? Cela peut se faire avec des mesures de taxation à l’intérieur des pays africains, mais il y a des limites assez fortes. Il faut trouver autre chose, notamment des instruments innovants. Les philanthropes (américains et européens) sont devenus très importants », a-t-il déclaré.

Inventer un modèle africain de financement

Pour Lionel Zinsou, l’équation à résoudre aujourd’hui est de trouver un modèle qui permet de compenser les effets de carbonation, inventer un modèle qui n’est pas en contradiction entre le développement et l’extrême carbonation. « Nous avons la solution, en réalité ! Nous avons des actifs qui permettent de compenser très largement. Nous avons des forêts, des tourbières, des mangroves… qui sont parmi les derniers puits de carbone. Ce qui permet de protéger la biodiversité. Il y a un modèle économique avec les certificats carbones. L’Afrique est en train de valoriser des actifs qui étaient oisifs », a-t-il expliqué. « Sur la transition énergétique comme sur les objectifs de développement, c’est l’Afrique qui se finance. La contribution de sa diaspora est remarquable (retour d’épargne). Ensuite vous avez l’aide publique sous toutes les formes de crédits », précise le président de la Banque d’affaires SouthBridge.

Initié par La Tribune et La Tribune Afrique avec la Métropole Aix-Marseille-Provence, le Forum Europe-Afrique s’inscrit dans le cadre de la première Quinzaine Europe-Afrique, organisée jusqu’au 22 mai par la Métropole et le Département des Bouches-du-Rhône. Selon les organisateurs, il ouvre un espace privilégié de débats et d’échanges pour renforcer la coopération entre les deux continents. Quels défis les métropoles africaines et européennes partagent-elles ? Quels rôles jouent les acteurs privés dans la définition des villes de demain ? Autant de sujets au menu de ces échanges constructifs.