Média 100% solutions

Asile en France : parcours du combattant d'un réfugié congolais


Des milliers d’africains fuient chaque jour leurs pays pour se réfugier dans les pays sûrs, notamment en France. – Crédit photo : Mehdi Chebil.

Texte par : Léonce Houngbadji

Roger est un réfugié congolais. Arrivé en France il y a quelques années, cet artiste peintre a pu obtenir le statut de réfugié auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Carnets d’un réfugié congolais en France.

43 ans et père de cinq (05) enfants, Roger est originaire de la République Démocratique du Congo, un pays de l’Afrique centrale en proie à une violente guerre depuis des décennies. Il fuyait les atrocités des groupes armés, qui ont décimé sa famille, pour se réfugier en France. « Si j’étais encore sur place, je serais déjà mort. J’ai perdu mon père, ma mère, des frères et sœurs et deux de mes enfants. J’ai vu des membres de ma famille violés et torturés. Je n’ai plus envie de penser à ces événements dramatiques, qui ont déchiré mon cœur », confie-t-il, les yeux remplis de larmes.

La vie et la sécurité de Roger étaient menacées. Il a dû prendre la décision la plus difficile de son existence : partir de Goma, à l’est du Congo, sur la rive nord du lac Kivu, dans l’espoir de trouver une vie plus sûre. « J’ai fui parce que je risquais d’être assassiné ou torturé », a-t-il laissé entendre.

Dès son arrivée sur le sol français, il dépose une demande d’asile à l’OFPRA,  avec l’aide d’une association agréée. A la fin d’une longue procédure, il obtient successivement le statut de réfugié, son titre de séjour, puis son titre de voyage. Les deux derniers documents étant délivrés par la préfecture, après l’obtention de la protection internationale.

Intégration républicaine

Le Contrat d’Intégration Républicaine (CIR) est un passage inévitable pour tous les réfugiés et bénéficiaires de la protection subsidiaire sur le territoire français. Conformément à la procédure, Roger a entamé son parcours personnalisé d’intégration républicaine pour s’approprier les principes et valeurs de la société française.

C’est à l’Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), dans son département de domiciliation, qu’il signe le CIR, après un examen écrit. « J’ai obtenu de bonnes notes lors des épreuves de compréhension écrite et d’interaction écrite », se souvient-il. La signature du CIR marque son engagement dans le parcours d’intégration républicaine. 

Le CIR est conclu pour une durée d’un an, entre l’Etat français, représenté par le préfet, et le réfugié. Il repose sur des engagements réciproques. Lors du renouvellement du titre de séjour, le CIR est exigé. Et il se délivre une seule fois. D’où la nécessité de bien le conserver pour ne pas avoir de problème de renouvellement de titre de séjour.

 

Formation civique

 

Après l’étape du CIR, Roger suit une formation civique obligatoire, durant quatre jours. Une période qui lui a permis de s’approprier les valeurs de la République française. La formation est constituée de plusieurs thématiques : le portrait de la France, la santé, l’emploi, la parentalité et le logement.

Aujourd’hui, il connaît par cœur les valeurs de la France dont sa devise Liberté, Égalité, Fraternité, sa situation géographique, démographique, ses atouts touristiques, sa cuisine, son influence géopolitique et géostratégique, sa puissance militaire, diplomatique et économique. « Cette formation m’a permis de savoir que la République française est indivisible, laïque, démocratique et sociale. C’était comme si j’étais reparti à l’école. Nous étions une vingtaine de personnes à suivre cette formation : Libanais, Marocains, Algériens, Tunisiens, Guinéens… C’était  aussi un moment fort d’échanges et de partage d’expériences, d’apprentissage, de connaissance », résume Roger, tout en exprimant  sa « profonde gratitude » à la France pour l’accueil, la protection, et l’insertion.

 

Insertion professionnelle

 

La signature du CIR, après l’obtention de son titre de séjour de 10 ans et de son titre de voyage de 5 ans renouvelable, marque la fin de ses procédures administratives. Il ne lui reste aujourd’hui qu’à trouver un emploi durable et un logement stable pour reconstruire sa vie, qui n’est plus en danger. Mais il a été contraint de tout quitter pour tout reprendre de zéro. « Je suis inscrit à Pôle Emploi, qui m’aide à suivre des formations professionnelles avant d’aller sur le marché de l’emploi, n’ayant jamais vécu et travaillé en France. Je suis déterminé à m’insérer dans la société et à trouver un emploi dans mon secteur d’activité », indique Roger.

Son ami et compatriote Arnaud, lui aussi en exil en France, salue son courage, sa patience, son humilité et sa détermination tout au long des différentes procédures administratives, qui sont parfois longues et complexes. « Roger a su passer toutes les étapes avec foi et espoir », témoigne Arnaud.

Selon les statistiques définitives sur les demandes d'asile en France, pour l'année 2020, publiées le 15 juin 2021 par le ministère de l’Intérieur, « 81 531 premières demandes (mineurs compris) et 11 733 demandes de renouvellement ont été enregistrées en Guda, Guichets uniques de demandes d’asile, (soit -38,2% par rapport à 2019) ».

Pour des raisons diverses, les demandeurs d’asile en France proviennent, pour la plupart, de l'Afghanistan, du Bangladesh, du Pakistan, de la Guinée, de la Turquie, de la Côte d’Ivoire, d’Haïti, du Congo, de l’Ukraine et de la Somalie. Ceux qui arrivent à obtenir le statut de réfugié ou la protection subsidiaire sont souvent confrontés à des difficultés pour se reconstruire. Il va falloir renforcer les initiatives en cours pour mieux les accueillir et leur assurer une meilleure protection ainsi qu’une meilleure intégration. Car le droit d’asile est le dernier droit qui reste lorsque tous les autres sont violés. Chaque geste compte pour un monde solidaire et juste.


Lire les commentaires (0)

Articles similaires


Soyez le premier à réagir

Ne sera pas publié

Envoyé !

Catégories

video-play-icon