Ville durable et logement de qualité : comment habiter l'Afrique de demain

Comment habiter l’Afrique de demain ? Cette question mérite bien d’être posée au regard de la dégradation de la situation climatique sur le continent. Pour faire face efficacement aux enjeux sociaux, économiques, environnementaux et culturels, la création d’unités urbaines respectant les principes du développement durable et de l'urbanisme écologique s’impose. Car la construction des villes de demain (villes écologiques) est la meilleure réponse au réchauffement climatique.

Il n'est un secret pour personne que la situation du logement en Afrique est des plus pitoyables au monde. En Afrique subsaharienne, la situation est encore plus alarmante. Tous les Africains ou presque se plaignent de leur cadre de vie et de leur logement. Et ce, pour plusieurs raisons dont le non-respect des plans d'urbanisme, l'incivisme et la démission de l'État central. Par ces temps de fortes précipitations, c'est à une véritable catastrophe écologique et sanitaire que font face beaucoup de grandes villes. Une inquiétante crise du logement accentuée par des montants croissants de loyers s'installe, et oblige une frange de la population à vivre dans des logements insalubres ou bidonvilles. Cette frange de la population, exclue de l'accès à un logement adéquat, est exposée à tous les dangers. Au Niger, les fortes précipitations enregistrées depuis quelques semaines ont occasionné des dizaines de pertes en vies humaines, des habitations emportées et des déplacés qui se comptent par milliers. Un peu partout sur le continent, des grandes agglomérations, sous l'effet du débordement de certains barrages et cours d'eau sont inondées, plongeant du coup les populations dans le désarroi.

Selon l'OMS, « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». Dans cette logique, on s'aperçoit aisément que la perte du logement peut provoquer, chez l'individu, des troubles psychologiques, sans compter qu'elle le sépare de sa communauté. 

Dans ces conditions, la question de ville durable se pose avec acuité aux Africains. Économiquement viable, socialement vivable, une ville durable serait une ville qui accueille dignement populations et activités sans exporter ses coûts sur d'autres temps ou d'autres territoires. Dans le contexte du changement climatique, l'importance de la notion de ville durable, en raison de son potentiel scientifique et opérationnel, n'est plus à démontrer. Celle-ci conserve un intérêt politique et scientifique dans la mesure où elle aborde de manière pertinente les problématiques environnementales propres aux villes d'aujourd'hui.

Ville durable, solution à la crise du logement en Afrique

Même si elle fait débat parce qu'elle n'a que rarement franchi le stade conceptuel pour devenir réalité, la notion de ville durable conserve un intérêt politique et scientifique particulier. Depuis 2011, l'ONU reconnaît que l'urbanisation croissante est une force motrice dans les changements environnementaux globaux et que la ville est le lieu qui doit faire face le plus urgemment aux problèmes environnementaux, désignant la ville comme un laboratoire de l'adaptation du changement climatique. Pour ce faire, il faut que les plans d'urbanisme soient respectés par tous. Éviter d'occuper anarchiquement les passages naturels des eaux doit être scrupuleusement observé par les populations. La quête de terres fertiles ne saurait expliquer l'occupation incontrôlée des terres au point de compromettre dangereusement son propre bien-être et celui des autres.

En outre, une politique véritable d'aide au logement décent au profit des couches vulnérables est, aujourd'hui, une nécessité. Par exemple, le contrôle des loyers qui fait débat en France et un peu partout en Europe, pourrait être une solution efficace, en Afrique, pour permettre à la majorité d'Africains de bénéficier de logement de qualité. Le système de logements sociaux ayant montré ses limites ; par des aides fiscales et des facilités de crédit, les États peuvent inciter les citoyens à devenir propriétaires de logement adéquat sans grande difficulté. Associer également les investisseurs privés dans la construction d'immeubles qui offrent les commodités nécessaires, suivant les règles de l'esthétique et de l'hygiène, et qui seront revendus aux citoyens à faibles et moyens revenus avec l'accompagnement de l'État, peut pallier l'incapacité de ce dernier à disposer de moyens nécessaires pour satisfaire tous ses citoyens.

Toutes ces mesures visent à permettre aux Africains, si elles sont bien mises en œuvre, de vivre décemment aujourd'hui, et de pouvoir laisser aux générations futures un cadre adéquat en vue de leur bien-être. Il appartient, à présent, à chacun de jouer convenablement son rôle pour bâtir l’Afrique de demain.