SAS 2025 : l’éducation aux médias, une arme puissante contre la désinformation

À la Semaine l’Afrique des Solutions (SAS) 2025, tenue les 24 et 25 octobre à la mairie du 16ᵉ arrondissement de Paris, la Table ronde 4 a plongé au cœur d’un enjeu mondial : « L’éducation aux médias et à l’information, un levier stratégique contre la désinformation ». Animée par Laurent Bigot, directeur de l’École publique de journalisme de Tours (EPJT), journaliste et maître de conférences, cette session interactive a marqué les esprits par sa profondeur, son réalisme et son ouverture à l’action.

Laurent Bigot a d’emblée posé le cadre : la désinformation n’est plus une simple nuisance, c’est un fléau systémique qui menace les individus, les institutions et la démocratie elle-même. Fake news, manipulations visuelles, infox politiques ou économiques… les « industries de la désinformation » prolifèrent, alimentées par les logiques de clic, la viralité algorithmique et désormais, par les puissances de l’intelligence artificielle générative (IAG).

Face à ce désordre informationnel, il a rappelé une question essentielle : « Qui informe aujourd’hui ? Les journalistes ou les réseaux sociaux ? » Une interrogation qui a trouvé un écho fort parmi les participants, conscients que la bataille pour une information fiable se joue aussi dans les conversations numériques quotidiennes.

S’appuyant sur plus de 20 missions de formation en Afrique (Congo, Sénégal, Cameroun, Gabon, Tunisie, Madagascar, etc.), Laurent Bigot a démontré que la lutte contre la désinformation passe par trois piliers essentiels :

• Un journalisme professionnel, rigoureux et éthique, pilier de la crédibilité médiatique ;
• Le fact-checking, pour vérifier, contextualiser et restaurer la confiance du public ;
• L’éducation aux médias et à l’information (EMI), pour donner à chacun les outils de discernement nécessaires à une citoyenneté éclairée.

Le conférencier a notamment présenté Factoscope.fr, le portail francophone de vérification des faits qu’il a fondé, ainsi que les initiatives africaines qu’il accompagne : #StopATenè (Stop aux on-dits) et #EkengeToujours (Vigilance Toujours). Ces programmes, déjà déployés dans 16 pays à travers 32 médias partenaires, favorisent la formation des journalistes, des enseignants et des jeunes à la vérification des contenus numériques.

Un public engagé, des échanges inspirants

L’audience, composée de journalistes, d’entrepreneurs, de diplomates, d’innovateurs, de décideurs et de responsables associatifs, a activement participé aux échanges. Les débats ont porté sur les moyens de changer les narratifs négatifs sur l’Afrique, de contrer la manipulation de l’opinion publique et de promouvoir une information constructive. Plusieurs intervenants ont souligné l’urgence d’intégrer l’EMI dans les programmes scolaires africains et de créer des passerelles entre médias, écoles et institutions pour renforcer la résilience informationnelle des citoyens.

En conclusion, Laurent Bigot a insisté sur la responsabilité partagée des médias, des citoyens et des institutions : « L’éducation aux médias, c’est apprendre à douter, à comprendre et à vérifier. C’est un acte de liberté. »

Cette table ronde, inscrite dans la dynamique du journalisme de solutions, véritable ADN de la Semaine l’Afrique des Solutions (SAS), a brillamment démontré que l’Afrique ne subit pas la désinformation – elle y répond avec intelligence, esprit critique et coopération. En valorisant l’action plutôt que la réaction, cette session a incarné la philosophie même de la SAS : remplacer les problèmes par des solutions concrètes, durables et collectives.