Protection efficace des données en Afrique : ce que propose l'ambassadeur Omar Arouna
Heure de publication : 21:30 - Temps de lecture : 4 min 57 s

Omar Arouna, ancien ambassadeur du Bénin aux États-Unis et au Mexique, ancien représentant du Bénin auprès de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de l'Organisation des États américains, spécialiste avéré de la cybersécurité. – © Omar Arouna.
Texte par : L'ambassadeur Omar Arouna, MBA
Président du Centre pour la cyberdiplomatie et le leadership, Université George Washington
Dans le monde interconnecté d'aujourd'hui, on ne saurait trop insister sur l'importance de la confidentialité des données. La révolution numérique qui balaie l'Afrique offre des opportunités incroyables, mais elle s'accompagne également de la responsabilité de protéger les données personnelles selon des modalités conformes aux normes mondiales. Parmi ces normes, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) se distingue comme l'un des cadres les plus complets et les plus largement reconnus pour la sauvegarde des données. Bien que le GDPR soit principalement associé aux citoyens de l'Union européenne (UE), sa portée s'étend bien au-delà de l'Europe, avec des conséquences potentiellement graves pour les organisations du monde entier, y compris en Afrique.
Les amendes récemment infligées à de grandes entreprises internationales rappellent brutalement les risques financiers et de réputation liés à la non-conformité. OpenAI, par exemple, a été condamnée à une amende de 15 millions d'euros par l'autorité italienne de protection des données après avoir omis de signaler une violation de données dans les 72 heures requises et négligé de fournir des avis de confidentialité adéquats. Cette violation souligne l'importance d'un signalement rapide des violations et de la transparence dans le traitement des données. Pour les entreprises africaines, en particulier celles qui s'aventurent dans des secteurs comme l'intelligence artificielle, la fintech ou le commerce électronique, le fait de ne pas sécuriser les données des utilisateurs pourrait entraîner des sanctions similaires. À mesure que les entreprises africaines se développent et interagissent davantage avec les marchés mondiaux, elles sont de plus en plus exposées aux risques associés à un mauvais traitement des données personnelles. L'amende de 4,75 millions d'euros infligée à Netflix aux Pays-Bas souligne une fois de plus la nécessité de disposer de politiques de confidentialité claires et accessibles. Entre 2018 et 2020, le fait que l'entreprise n'ait pas fourni d'avis de confidentialité détaillés a laissé les utilisateurs dans l'incertitude quant à la manière dont leurs données étaient utilisées, stockées et partagées.
Pour les entreprises africaines, en particulier celles qui proposent des services en ligne, cette affaire souligne l'importance de rendre les politiques de confidentialité non seulement conformes à la loi, mais aussi claires pour les utilisateurs. La transparence ne consiste pas seulement à cocher des cases, mais aussi à favoriser la confiance, en particulier lorsque l'on s'adresse à des clients issus de régions où la protection des données est une priorité absolue. L'amende de 251 millions d'euros infligée à Meta par la Commission irlandaise de protection des données est un nouvel exemple de mise en garde. Cette amende résulte d'une faille de sécurité dans la fonction "View-As" de Facebook, qui a permis un accès non autorisé aux profils de 3,3 millions d'utilisateurs de l'UE. Cette faille s'est produite parce que l'entreprise n'a pas respecté les principes de base de la protection des données, notamment en s'assurant que des dispositifs de sécurité étaient en place et que les données étaient traitées conformément à la réglementation.
Pour les entreprises africaines qui traitent d'importants volumes de données personnelles, que ce soit pour les plateformes de médias sociaux, les bases de données clients ou le commerce électronique, la leçon à tirer est claire : la sécurité des données doit être intégrée dans les systèmes dès le départ. Une approche réactive ne sera jamais suffisante lorsqu'il s'agit de la confidentialité et de la protection des données des utilisateurs.
En France, l'entreprise KASPR a été condamnée à une amende de 240 000 euros pour avoir illégalement récupéré des données de contact à partir de profils LinkedIn sans le consentement des utilisateurs. Cette affaire révèle les risques liés à l'utilisation de l'"intérêt légitime" pour justifier la collecte de données, en particulier lorsqu'elle est en contradiction avec les paramètres de confidentialité de l'utilisateur. À mesure que les start-ups technologiques et les plateformes sociales africaines se développent et prennent de l'ampleur, il est essentiel pour elles d'être transparentes avec les utilisateurs et d'obtenir un consentement clair pour la collecte de données. Le non-respect des préférences des utilisateurs pourrait exposer les entreprises à des conséquences juridiques importantes et à une perte de confiance de la part des consommateurs. Enfin, une société de location suédoise a été condamnée à une amende de 17 366 euros pour avoir installé des caméras de vidéosurveillance dans les parties communes d'un immeuble sans justification suffisante et sans en avoir informé les locataires. Bien qu'elle puisse sembler mineure, cette violation illustre le principe selon lequel la vie privée ne devrait jamais être compromise, quelle que soit la technologie utilisée.
Respecter les lois et règlementations en vigueur
Alors que les villes intelligentes, les systèmes de surveillance et d'autres innovations IoT se généralisent en Afrique, les entreprises et les gouvernements doivent veiller à ce que leur utilisation de la technologie respecte la vie privée des individus. Ces cas sont plus que de simples incidents isolés - ils sont des signaux de l'importance mondiale de la protection des données. Alors que le paysage numérique africain continue de se développer, les entreprises, les gouvernements et les organisations du continent doivent comprendre qu'ils ne sont pas à l'abri des mêmes pressions réglementaires que leurs homologues d'Europe, des États-Unis et d'ailleurs. Le GDPR s'applique à toute entreprise qui traite les données personnelles des résidents de l'UE, ce qui signifie que même les entreprises basées en Afrique peuvent être tenues responsables de la conformité.
Au Centre pour la cyberdiplomatie et le leadership (CCDL), nous sommes parfaitement conscients des défis auxquels les entités africaines sont confrontées lorsqu'il s'agit de naviguer dans ces normes mondiales complexes. Alors que de plus en plus d'entreprises du continent s'engagent dans des transactions transfrontalières, le besoin de pratiques solides en matière de protection des données devient de plus en plus urgent. C'est pourquoi la CCDL s'est engagée à soutenir les organisations africaines en leur fournissant les outils, la formation et les ressources nécessaires pour comprendre et mettre en œuvre le GDPR et d'autres cadres de protection des données. Notre travail consiste à renforcer les capacités, à offrir des conseils stratégiques et à aider les organisations à aligner leurs opérations sur les meilleures pratiques mondiales. Grâce à des programmes de formation spécialisés et à des évaluations des risques, nous donnons aux entreprises les connaissances nécessaires pour se protéger des risques juridiques tout en favorisant une culture de confiance avec leurs clients. En se concentrant sur la protection des données dès la conception et par défaut, les entreprises africaines peuvent préserver leur réputation et leur avantage concurrentiel, tant au niveau local que mondial.
La réalité est que le monde numérique est là pour durer et qu'il s'accompagne de la responsabilité de protéger les données personnelles. Pour les entreprises africaines, cela signifie qu'elles doivent comprendre que le respect des réglementations en matière de protection des données n'est pas une simple formalité, mais un pilier essentiel de leur réussite. Les risques liés au fait de ne pas accorder la priorité à la confidentialité des données sont tout simplement trop importants pour être ignorés, mais les outils pour gérer ces risques sont disponibles. Avec les conseils et le soutien appropriés, l'économie numérique africaine peut prospérer dans un environnement sécurisé et conforme, et se positionner comme un partenaire de confiance sur le marché mondial. À la CCDL, nous sommes fiers de faire partie de ce voyage, en aidant les entreprises africaines à naviguer dans les complexités de la protection des données, en veillant à ce que leur transformation numérique soit non seulement innovante, mais aussi sûre et responsable.
Contacter l'Ambassadeur Omar AROUNA :
omararouna@cyberdiplomat.org / www.cyberdiplomat.org

