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Bénin : l’interruption volontaire de grossesse légalisée pour « protéger les femmes »


L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est désormais légalisée au Bénin pour « protéger les femmes » et « lutter contre les avortements clandestins », une mesure qui divise profondément la société béninoise, conservatrice, dont l’église catholique. – © Notre Voix.

Texte par : Léonce Houngbadji

L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est désormais autorisée au Bénin. Dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 octobre 2021, la loi sur la santé sexuelle et la reproduction a été modifiée pour permettre aux femmes béninoises qui ne souhaitent pas poursuivre une grossesse de demander à un médecin son interruption. Cette mesure prise par les députés vise, selon eux, à mettre fin aux avortements clandestins.

Plus de 200 femmes meurent chaque année au Bénin des suites de difficultés liées à l’avortement, souvent effectué en dehors du cadre légal. « 1500 femmes décèdent chaque année en voulant donner la vie dont 15% sont imputables aux avortements clandestins », précise Angela Kpeidja, journaliste à l'Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (ORTB) et spécialiste des questions sanitaires. « Plusieurs familles continuent de pleurer la perte d’un enfant, d’une épouse, d’une mère partie tragiquement à la suite d’un avortement compliqué. Ces blessures sont irréparables », fait observer le ministre de la Santé Publique, Benjamin Hounkpatin.

Que faire pour responsabiliser les femmes dans la prise de décision d’interruption de grossesse et dans la maîtrise de leur fécondité ? La solution trouvée par les parlementaires est d’accorder officiellement aux femmes, le droit d’avorter jusqu’à douze semaines de grossesse. Et ce, précise la nouvelle loi, « lorsque la grossesse est susceptible d’aggraver ou d’occasionner une situation de détresse matérielle, éducationnelle, professionnelle ou morale ».

 

« Une mesure de santé publique »

 

Le ministre Benjamin Hounkpatin estime que ladite loi va « permettre de soulager les peines de nombreuses femmes qui, face à la détresse d’une grossesse non désirée, se trouvent obligées de mettre leur vie en jeu ». A l’en croire, c’est une « mesure de santé publique dont l’unique objectif est de sauver des vies humaines ». La journaliste Angela Kpeidja souligne qu’elle « protège la femme des abus qui l’emmenaient dans les couloirs de la mort ». La finalité sera donc la fin des avortements clandestins dans le pays et la protection des femmes. Toutefois, la loi ne fait pas l’unanimité au sein de la société béninoise, très conservatrice. Pour l’église catholique, « la légalisation de l’avortement est la culture de la mort ». Dans un communiqué de presse, le Clergé béninois dénonce cette loi et propose des « alternatives honnêtes et fiables pour remédier aux maux que l’on entend résoudre par la légalisation de l’avortement ».

Avec le vote de cette loi controversée, le Bénin devient ainsi l’un des rares pays africains à légaliser l’IVG. En Afrique, de nombreux pays sont encore très stricts sur cette question sensible, interdisant formellement l’avortement ou en l’autorisant sous des conditions restrictives. En Libye, en Somalie, en Ouganda, en Côte d'Ivoire, au Soudan du Sud et en République Démocratique du Congo, par exemple, l’IVG n’est possible qu'en cas de danger pour la vie de la mère.


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