Sonia Kissi Ndri : de la rue d’Abidjan à la Silicon Valley, l’ascension fulgurante d’une femme de feu
Heure de publication : 15:59 - Temps de lecture : 7 min 20 s

Sonia Kissi Ndri, experte en opérations financières et externalisation des affaires cliniques et scientifiques en biotechnologies/produits pharmaceutiques. – © Sonia Kissi Ndri.
Longtemps vendeuse d’alloco et d’oranges à Abidjan, maquilleuse pour survivre aux États-Unis, Sonia Kissi Ndri s’impose aujourd’hui comme l’une des figures ivoiriennes les plus influentes de la Silicon Valley, en Californie. Spécialiste de la finance clinique et de la biotechnologie, elle incarne la force, la détermination et l’excellence. Son parcours est un vibrant hommage au courage, à l’endurance et à la foi en ses rêves.
Texte par : Léonce Houngbadji
À 42 ans, Sonia Kissi Ndri n’est pas simplement une professionnelle de la santé biotechnologique reconnue. Elle est le reflet vivant d’une ambition sans limite. Rien ne la prédestinait à percer dans le cœur technologique des États-Unis, encore moins dans l’univers très exigeant des affaires cliniques et pharmaceutiques. Pourtant, celle qu’on appelait autrefois "la petite go anango" à Abidjan, pour ses talents de vendeuse et sa débrouillardise, est aujourd’hui l'une des rares femmes noires à piloter des départements entiers de contrats cliniques, de finances et d'opérations dans les plus grandes firmes pharmaceutiques américaines.
Née en Côte d’Ivoire, Sonia grandit dans un environnement modeste. Les difficultés financières rythment son parcours scolaire. Elle change sept fois d’établissement entre le primaire et le lycée, vend des oranges et des brochettes devant la RTI, aide sa mère secrétaire en cumulant les petits boulots, tout en poursuivant avec ténacité ses études. Après un Bac D obtenu au lycée Lemania, elle rejoint l’Université Nangui-Abrogoua, en chimie-biologie, tout en poursuivant ses activités de vente pour financer sa scolarité.
De la Côte d’Ivoire à l’Amérique : sport, travail et résilience
Son destin bascule en 2000. Recrutée par une université américaine grâce à ses talents en basket-ball, elle atterrit au Texas. Elle y obtient une bourse d'études sportives, rejoint l’équipe de la Golden Eagles d’Oral Roberts University, puis celle de Vanguard University. Malheureusement, une série de blessures graves met fin à sa carrière sportive.
Mais Sonia ne baisse pas les bras. Elle enchaîne les petits boulots – vendeuse, maquilleuse… – jusqu’à maquiller des célébrités comme Whitney Houston, Nancy Wilson et la Première Dame ivoirienne Simone Gbagbo. Ces jobs alimentaires lui permettent de financer ses études. Elle décroche un Bachelor en finances à Purdue University, puis un MBA en 2012, tout en complétant sa formation par plusieurs certifications prestigieuses (Berkeley, Villanova…).
L’ascension fulgurante dans les géants pharmaceutiques
De 2010 à aujourd’hui, Sonia Kissi Ndri multiplie les responsabilités à haut niveau :
- Analyste et Chef d’équipe chez Abbott Laboratories ;
- Consultante senior à la Fondation Bill Gates et à la American Cancer Society ;
- Directrice de l’assurance des revenus chez Orange Business Services à Atlanta ;
- Responsable des contrats cliniques chez Gilead Sciences, Pfizer, Dermira, Intercept Pharmaceuticals, puis FibroGen, Inc.
À la Silicon Valley, son nom résonne comme une référence de rigueur, de performance et d’innovation. Elle est plusieurs fois primée, notamment par le prestigieux Clinical Star Award en 2015 chez Gilead Sciences, pour sa contribution majeure à la performance stratégique de l’entreprise.
Une femme, une vision, un retour annoncé
Malgré le succès, Sonia n’oublie pas ses racines. Elle prépare son retour en Côte d’Ivoire pour y partager son expérience, encadrer les jeunes et investir dans des projets d’utilité publique. Elle reste convaincue que la réussite individuelle n’a de sens que si elle se met au service du collectif.
Sonia Kissi Ndri est bien plus qu’un modèle de réussite féminine ou diasporique. Elle est une démonstration éclatante de ce que la foi en soi, l’éducation, la résilience et l’éthique peuvent accomplir, même dans les conditions les plus improbables. Elle incarne le message suivant : peu importe d’où l’on vient, tout est possible à celui ou celle qui ose, persévère et se bat avec dignité. Jeune fille, jeune homme, retiens ceci : la rue peut être un point de départ, jamais une fin.