Texte par : Thalf Sall
Vraiment insalubres les grandes agglomérations en Afrique surtout au sud du Sahara. A l'exception relative de l'Afrique du Sud et de la Namibie. Coupable désigné : la populace, abondante, incontrôlable pour son légendaire incivisme. Quand les immondices s'amoncellent dans les rues et autres espaces, les odeurs pestilentielles envahissent le quotidien du citoyen et les caniveaux obstrués de détritus rejettent les eaux usées dans les habitations, c'est d'office l'incivisme le coupable désigné. La faute à la population si les toilettes publiques se font rares, les barques à ordures et autres endroits de plaisance ne fleurissent pas aux coins de rue?
On en vient à se demander si les pouvoirs publics n'ont aucun rôle à jouer dans l'organisation des citoyens face à leur cadre de vie sans forcément être obligé d'encombrer les rues de lieux d'aisance et autres toilettes. Néanmoins, on doit reconnaître que les habitants de cette partie du continent africain sont très mal logés en général. L'esthétique urbaine gagnerait en hygiène si apparaissent dans chacune des grandes agglomérations concernées des politiques de l'habitat acceptables. Pourquoi ne pas multiplier à une grande échelle les petites citées modernes à confier à des professionnels de l'habitat intégrant toutes les commodités de l'assainissement ? L'usager n'ayant plus d'autre choix, tous les actes et gestes de propreté ayant été anticipés dans les modèles d'habitat qui comprennent les espaces aménagés pour chaque besoin : vidange, fosses septiques, urinoir, poubelles, rigoles, parkings, aires de jeux, espace de détente, etc.
L'expérience a prouvé que certaines personnes que l'on dit « inciviques » en matière d'esthétique urbaine se conforment pourtant très naturellement aux gestes de propreté dès qu'elles retrouvent ailleurs des citées urbaines, comme par magie. En clair, les habitudes et les pratiques urbaines dépendent en grande partie de l'environnement immédiat. Les comportements par rapport au cadre de vie diffèrent selon qu'on se retrouve dans un quartier insalubre ou dans une cité totalement assainie de par ses ouvrages adaptés. Reste donc à définir le cadre d'habitat abordable, de façon massive, pour les citoyens avec l'implication des élus municipaux, communaux et locaux dans le cadre de la décentralisation. Ainsi, les populations pourraient être suivies depuis le choix des matériaux de construction jusqu'aux travaux d'architecture et de voirie dans des programmes intégrés d'aménagement du territoire.
Ce travail d'anticipation permet de rendre le secteur de l'habitat plus professionnel dans un cadre administratif mieux organisé. Au lieu de laisser les citoyens ériger les bâtiments à leur guise sans aucune assistance technique et pratiquement sans directive administrative conséquente. Les politiques sociales des pouvoirs publics peuvent ainsi disposer de leviers leur permettant de prévenir les soucis d'assainissement, d'embellissement et de circulation dans les grandes villes.
Ainsi, la mauvaise organisation des stratégies d'urbanisation ne serait plus un obstacle insurmontable. En effet, les pouvoirs publics auront désormais la latitude d'élaborer des processus de relogement dans les endroits les plus affectés par l'absence de directives idoines sur les problèmes d'enlèvement d'ordures ménagères, d'inondation, de bouchons de circulation, etc. Ceci grâce à l'érection voire la généralisation de nouvelles citées adaptées qui intègrent tous les mécanismes visant à préserver une esthétique convenable à la cité. Cette généralisation entraînera à coup sûr une réduction des coûts de construction et un développement certain du secteur de l'urbanisme professionnel.