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Jacqueline Essiomley, fondatrice de "Solaya Agency" : offrir des solutions juridiques et sociales aux entreprises, particuliers et associations en Afrique et en France


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Heure de publication : 18:22 - Temps de lecture : 11 min 20 s

Jacqueline Essiomley, fondatrice de "Solaya Agency". – © Jacqueline Essiomley.

Propos recueillis par Thalf Sall

Devenir avocate ou journaliste. C’était le rêve d’enfance de Jacqueline Essiomley, mais le destin en a décidé autrement. Aujourd’hui, la jeune Togolaise est totalement engagée sur les questions de politique migratoire, d’intégration, de réintégration et d’inclusion des migrants. Sa société "Solaya Agency" offre des solutions juridiques et sociales aux entreprises, particuliers et associations en France et en Afrique. Dans cette interview, découvrez l’histoire d’une entrepreneure visionnaire, courageuse, résiliente, déterminée et inspirante.

Présentez-vous à nos lecteurs et internautes ?

 

Je suis Jacqueline Essiomley, juriste en France et responsable de la société Solaya Agency dont le siège social est au Togo. Je suis engagée sur les questions de politique migratoire, d’intégration, de réintégration et d’inclusion des migrants.

Je suis née et j’ai grandi au Togo. Depuis mon enfance, je rêvais de devenir avocate ou journaliste pour servir de porte-voix à celles et ceux que la société invisibilise. Ainsi, dès l’obtention de mon baccalauréat, je me suis naturellement inscrit à la Faculté de droit de l’Université de Lomé.

Après l’obtention d’une Licence en Droit privé et la validation d’une année de formation en Management à l’Institut supérieur de management Adonaï, j’ai obtenu une bourse partielle pour poursuivre des études de second cycle universitaire en Droit international des droits de l’Homme à l’Université Catholique de Lyon, dont le diplôme est conventionné avec l’Université Grenoble Alpes. Au bout de deux années d’études acharnées, j’ai validé le diplôme de Master et me suis lancée durant les années suivantes dans la préparation de l’examen d’entrée à l’école des avocats.

Parallèlement à mes études, j’ai toujours ressenti le besoin de m’engager auprès des personnes vulnérables et de participer activement à la construction de la chose publique, au renforcement du lien social et à la valorisation du capital humain. C’est cet attrait pour l’humanisme qui a orienté le choix de ma formation en droits de l’Homme qui se trouve être à la croisée des chemins de la protection de l’humain et des mécanismes juridiques et judiciaires.

Après deux tentatives infructueuses de l’examen d’entrée à l’école des avocats et une hospitalisation à l’issue d’un Burn-out ayant entraîné une perte de mémoire temporaire, j’ai compris dès mon rétablissement, qu’il était important de formaliser mon expertise acquise tout au long de mes expériences personnelles et professionnelles en Afrique et en France, afin de les mettre au service des personnes issues de la migration.

Mon parcours personnel a considérablement influencé mes engagements passés et présents. En effet, orpheline de père dès l’âge de 15 ans et aînée d’une famille polygame de huit enfants, j’ai très tôt été confrontée à l’absence de soutien, aux difficultés d’ordre financier et aux injustices sociales communes aux enfants défavorisés.  

Cependant, ces difficultés n’ont pas amenuisé mes ambitions et mes rêves personnels et professionnels.  Ainsi, grâce aux soutiens et aux bonnes volontés de certains proches et parents, j’ai pu concilier mes études et des successions de d’emploi jusqu’à l’obtention de l’ensemble de mes diplômes universitaires aussi bien au Togo qu’en France.

Extrêmement convaincue que chaque être humain regorge d’un potentiel illimité, je ne ménage aucun effort pour m’engager auprès des associations œuvrant dans le sens de la valorisation du potentiel et du capital humain, en lien avec son environnement.

C’est dans cette dynamique qu’après avoir milité au sein de plusieurs associations, notamment Amnesty International au Togo, j’ai poursuivi mes engagements bénévoles en France auprès des associations telles que le Valdocco Acirpe sur les questions d’économie circulaire, et L’invitation à la beauté dont j’ai participé à la fondation à Lyon, sur les questions relatives au lien social et l’accessibilité de l’art dans les lieux de soin et bien d’autres.

En décembre 2018, mon projet proposé sur le thème du capital humain a été sélectionné par le Youth Summit de la Banque Mondiale.

 

Vous êtes spécialisée dans les solutions juridiques et sociales. Qu’est-ce que c’est ?

 

Les solutions juridiques et sociales sont nées d’un besoin en accompagnement global des personnes migrantes dans le but de favoriser leur meilleure prise en compte dans les politiques publiques, leur intégration, leur réintégration et leur insertion socio-économique et professionnelle.

Selon le rapport de 2020 établi par l’Organisation Internationale de la Migration sur l’état de la migration dans le monde, le nombre de migrants internationaux est estimé à 281 millions en 2020, soit 3,6 pour cent de la population mondiale. Le rapport précise que le nombre de migrants internationaux a augmenté sur les cinq dernières années. L’Europe et l’Asie sont les régions du monde qui accueillent le plus de migrants internationaux, soit 61 pour cent de la population totale des migrants.

Les différents rapports sur la migration établis aussi bien par les organisations internationales que par les organisations locales s’accordent sur le fait que les personnes migrantes sont très souvent dans des situations de vulnérabilité.

A titre d’exemple, le Directeur général de l’Organisation Internationale du Travail, Monsieur Gilbert F. Houngbo, affirmait dans son discours publié sur son compte Twitter, à l’occasion de la journée mondiale des migrants célébrée les 18 novembre de chaque année, que « Parmi les 169 millions de travailleurs migrants dans le monde, très peu d’entre eux sont capables d’exercer leurs droits fondamentaux. Ce qui les rend invisibles, vulnérables et sous-évalués dans leur contribution à la société (…) Plusieurs d’entre eux sont isolés, loin des personnes ou des institutions qui pourraient les protéger. Les migrants irréguliers sont particulièrement vulnérables et exposés aux abus (…) Les travailleurs migrants doivent être en mesure de connaître leur droit à la protection sociale au développement et à la reconnaissance ».

De même, à l’issu du 10è dialogue de la Communauté mondiale de pratiques (G-COP) placé sous le thème « Un développement sans frontières : Mobiliser la diaspora africaine pour une croissance inclusive et un développement durable en Afrique », les membres de la diaspora sont invités à « continuer à être les ambassadeurs du développement de l’Afrique dans leurs pays de résidence, à promouvoir en amont les flux de financement et d’investissement par le biais de transfert de fonds, d’obligation de la diaspora, de partenariats public-privé, du commerce et de la promotion des investissements, ainsi que le transfert de connaissances et de technologies au moyen de partage de l’innovation et de la technologie, de partenariats et de collaboration en matière de recherche, et de circulation de cerveaux ». De plus, les membres de la diaspora sont encouragés à « être une force motrice clé pour créer une Afrique globale – une Afrique véritablement inclusive et intégrée au-delà des frontières géographiques, une condition essentielle à la réalisation de l’objectif d’une Afrique globale qui parle et agit à l’unisson pour le développement du continent ».

L’actualité brûlante de la question démontre à quel point il est primordial d’accompagner les personnes migrantes dans la construction et la réalisation de leur projet aussi bien dans leur pays d’accueil que dans leur pays de départ.

Concrètement, il n’existe pas sur le plan international, un droit sur la protection des migrants spécifiquement. En l’état actuel, ce sont les textes internationaux de protection de l’homme et les standards internationaux du travail en plus des droits nationaux qui protègent les personnes migrantes. Quand bien même cette protection s’avère insuffisante, il est tout à fait utile de se saisir des dispositifs existants pour anticiper, construire et réaliser des projets de vie ou d’entreprise, ici et là-bas.

Les solutions juridiques et sociales sont donc l’ensemble des mesures d’accompagnement déployées au profit des personnes issues de la migration, directement ou indirectement. Directement, les solutions juridiques et sociales sont des mesures personnalisées proposées ou coconstruites avec les particuliers et les professionnels. Indirectement, les solutions juridiques et sociales se déclinent sous la forme de diagnostics, d’outils et de propositions déployés au sein des entreprises et des associations.

Les solutions juridiques et sociales sont essentiellement destinées aux personnes issues de la migration quelle que soit leur génération d’une part et aux entreprises et associations d’autre part. La demande en matière d’accompagnement personnalisé ou individualisé est forte.

En dehors de l’accompagnement, les solutions juridiques et sociales sont un véritable appui à certains acteurs, notamment aux avocats vers lesquels nos clients sont orientés. Par exemple, l’accompagnement juridique en amont permet de dégrossir significativement la partie informative et administrative de la situation, de sorte à alléger la partie contentieuse le cas échéant.

 

Que leur apporte-t-elle concrètement ?

 

Concrètement, elle offre aux clients, une expertise juridique et sociale dans les domaines classiques du droit doublé d’un accompagnement suivant le besoin et la situation. A travers nos prestations, les clients ont accès aux clés et aux outils nécessaires pour débloquer des situations juridiques, anticiper des démarches et se prémunir des risques de pertes de droits. Elle apporte donc à ses clients un gain de temps, une décharge du stress, une orientation adaptée, une mise en relation et des formations.

 

Pour mieux accompagner les entreprises, particuliers et associations, vous avez créé Solaya Agency. Parlez-nous un peu d’elle ?

 

Solaya Agency est une solution de confort pour une personne migrante désireuse de réussir sereinement sa vie dans un pays étranger au sien. Dans un contexte où la migration en elle-même est dans la majorité des cas, une source de fragilité, il se crée un besoin qui se doit d’être comblé par une ou des propositions efficaces. Quel que soit le type de migration (professionnelle, étudiante, saisonnière …), Solaya Agency identifie l’urgence et la priorité dans l’ordre des solutions disponibles, pour ce qui concerne les personnes migrantes.

Plus spécifiquement, l’accès au droit au séjour et à la nationalité est la pierre angulaire d’une installation confortable et d’une construction temporaire ou durable. Le défaut d’information et d’anticipation peut être un frein, et d’ailleurs le représente globalement, à la sérénité du séjour, particulièrement en France. Solaya Agency répond donc à la problématique précise d’une insuffisance d’appui personnalisé pleine et entière des personnes issues de la migration.

Les missions de Solaya Agency sont de deux ordres. Le premier est juridique. Solaya Agency offre des solutions juridiques à travers l’information, la formation, l’analyse et l’élaboration d’actes juridiques, la consultation et l’orientation juridique.

La dimension sociale porte sur l’intelligence organisationnelle, le conseil en stratégie dans le domaine de la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises et l’accompagnement dans les démarches administratives complexes.

 

Quelles solutions innovantes apportez-vous aux entreprises, particuliers et associations que vous accompagnez ?

 

Notre entreprise innove en ce qu’elle ouvre un champ social dans une perspective juridique en accentuant davantage sur les valeurs telles que la disponibilité, l’écoute active et l’empathie. Cette particularité marque le fort engagement de notre structure au profit de l’Humain en plaçant la dignité humaine au centre même des services proposés.

 

Quel est l’impact des services que vous proposez sur le terrain ?

 

Selon les témoignages et les retours, nos clients sont satisfaits des services que nous offrons. En toute humilité, notre entreprise est encore très jeune pour mesurer un impact global. Concernant, la mesure d’impact, nous avons élaboré en interne un outil d’évaluation en vue d’identifier encore plus finement les besoins du terrain et d’adapter efficacement nos réponses et solutions.

 

Quels sont déjà les acquis à mettre à votre actif ?

 

Durant ce premier semestre 2023, une série de Masterclass sera organisé à destination des candidats à la mobilité internationale étudiante en France. Notre très jeune entreprise compte actuellement à son actif, plus d’une dizaine d’accompagnements personnalisés de particuliers, deux résultats positifs de déploiement de l’intelligence organisationnelle. Un projet de mise en place d’une politique RSE est en cours en partenariat avec une entreprise ivoirienne.

Nous nourrissons le vœu d’une extension de notre carnet d’adresse, afin de continuer par offrir nos services et les faire découvrir à tous ceux qui sont désireux de comprendre davantage nos services ou de suivre nos formations.

 

Dans la pratique, comment se faire votre accompagnement ? Quelle est la pédagogie utilisée ?

 

Dans la pratique, notre société propose au client, qui l’accepte, d’assurer la formation juridique ; l’orientation juridique ; l’élaboration, le déploiement et la valorisation de leur stratégie RSE ; la détection, l’évaluation et la mise en place d’un plan de déploiement de l’intelligence organisationnelle ; l’accompagnement dans les démarches administratives complexes. L’accord de l’engagement de la ou des prestations sollicitées par le client est matérialisé par un contrat. Chaque mission commence par une analyse détaillée de la demande que le client confie à notre société. Cette analyse permet de définir le processus qui sera mis en place afin d’assurer au mieux la bonne fin de l’opération envisagée. Elle permet également de définir les conditions tarifaires qui seront appliquées en fonction des dossiers et des prestations choisies.

Outre ce procédé, Solaya Agency propose ses services par le biais de ses différents partenaires.

 

Comment vous contacter pour bénéficier de vos services ?

 

Pour bénéficier de nos services, vous pouvez nous contacter en remplissant le formulaire de contact dédié sur notre site internet https://solaya.agency/ . Vous pouvez également nous écrire directement sur la boîte mail : contact@solaya.agency ou par WhatsApp et Télégram sur le numéro suivant : +33 (0) 7.67.04.48.68.

 

Du 23 au 28 octobre 2023, vous participerez à la "Semaine l’Afrique des Solutions" (SAS). Comment trouvez-vous cette initiative et qu’apportera-t-elle au continent africain ?

 

C’est la toute première fois qu’une initiative africaine rassemble principalement des acteurs de solutions à Paris pour une période d’une semaine. Le choix d’associer les entrepreneurs de solutions aux médias et journalistes me semble réfléchi. Particulièrement à l’ère du digital et de l’accélération, voire de la viralité de l’information, pour l’essentiel peu constructive, il devient urgent de mobiliser les forces utiles pour pondérer les contenus qui peuvent être qualifiés sans prétention, de peu utiles. Comme l’a dit Serge Abiteboul, auteur de l’ouvrage Nous sommes les réseaux sociaux, « C’est une responsabilité collective de faire mieux les choses ».

Cette initiative favorisera une prise de conscience massive de la déroute que peuvent prendre (ou prennent) les plateformes audio-visuelles et les médias relativement aux contenus proposés aux internautes. Il ne s’agit nullement de jouer aux donneurs de leçons, puisque les médias s’adaptent également au marché de l’audio-visuelle rudement concurrencé par les réseaux sociaux. Mais alors quels ajustements et quels encadrements des contenus sont susceptibles de répondre aujourd’hui au double besoin de la satisfaction des internautes et de la pérennité des structures médiatiques ? Les différentes thématiques qui seront abordées au cours de ce grand évènement apporteront très certainement des réponses réalistes et applicables pour une Afrique de solutions.

 

Vous faites d’ailleurs partie des formateurs. Le thème de votre formation sera sur quoi et à qui s’adresse-t-elle ?

 

L’occasion m’est donnée de faire une formation au cours de la semaine l’Afrique des Solutions et j’en remercie le promoteur.  Le thème de la formation porte sur « Les solutions juridiques et sociales : une réponse adaptée aux réalités du continent africain ». Cette formation s’adresse aux entrepreneurs, aux jeunes créatifs, aux porteurs de projets innovants, aux chefs d’entreprises et patrons de start-up, ainsi qu’à tout professionnel désireux de comprendre et de se former à l’innovation juridique et sociale. Cette formation sera délivrée en binôme avec le Directeur exécutif de la Clinique d’expertise juridique et sociale au Togo, Monsieur Kossi Dieudonné.

 

Si vous avez un conseil à donner aux entrepreneurs africains, qu’allez-vous leur dire ?

 

Je dirai tout simplement qu’il est nécessaire d’établir un plan et de passer à l’action. Ceci dit, il est évident que le monde entrepreneurial n’est pas une cour de récréation. L’atteinte des résultats attendus est obligatoirement le fruit d’une préparation, d’un travail acharné et d’une capacité à reconnaître et à saisir les bonnes opportunités. Le rêve et la passion, quoi qu’essentiels, doivent être soutenus par le réalisme du terrain. Ce dernier s’acquiert par des successions de tentatives infructueuses et d’insuccès qui peuvent très vite décourager. Cependant, garder le cap de l’objectif et affiner sa capacité d’adaptation sont sans doute des ingrédients nécessaires pour rebondir après les échecs. Dans ce sens, la résilience, la curiosité, l’ouverture d’esprit, l’apprentissage et la formation doivent être de bons compagnons de route.

Par ailleurs, au-delà des défis socio-économiques du continent africain, le monde des affaires demeure un monde hautement compétitif. Or, devenir un entrepreneur de solutions entraîne une double exigence vis-à-vis de soi-même, de son entreprise et de ses partenaires. La première est celle de la fiabilité des solutions et de leurs impacts réels et durables au sein de la société et la deuxième est celle de la rentabilité durable et de la viabilité de l’entreprise qui repose essentiellement sur la création de richesses. Dès lors, la combinaison des deux exigences impose à l’entrepreneur une certaine posture, qui requiert la fermeté dans l’affirmation de ses valeurs et bien entendu, des sacrifices plus élevés. Par conséquent, l’entrepreneuriat de solutions, tel que promu par votre Journal Notre Voix pourrait, par hypothèse, devenir une réponse favorable à certaines questions socio-économiques, dans la mesure où il est porté en synergie d’actions par l’ensemble des parties prenantes et nécessairement soutenu par des politiques publiques adaptées.


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Envoyé !

Abdou-Wahab MADOUGOU
16 JANUARY 2023 à 11:05

Courage à vous Madame !

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