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Fabrice Sawegnon : du bitume de Marcory à l’empire Voodoo, l’ascension d’un bâtisseur béninois


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Heure de publication : 17:45 - Temps de lecture : 4 min

Fabrice Sawegnon est un véritable modèle pour la jeunesse africaine. Il a su réinventer le monde de la communication et des médias en Afrique de l’Ouest. – © Fabrice Sawegnon.

À la tête de Voodoo Group, l’un des plus grands groupes de communication d’Afrique francophone, Fabrice Sawegnon est bien plus qu’un chef d’entreprise. Il est le visage d’une Afrique qui ose, qui construit et qui inspire. Derrière le patron charismatique et médiatisé, se cache un parcours d’une intensité rare, forgé dans les épreuves, les ruptures et les convictions. Retour sur une trajectoire hors du commun.

Texte par : Léonce Houngbadji

Né le 18 janvier 1972 à Marcory, dans la commune populaire d’Abidjan, Fabrice Sawegnon est orphelin de père à seulement trois mois. Élevé par une mère secrétaire-dactylo, il grandit dans la débrouille, entre foi, petits commerces et luttes silencieuses. Mal orienté vers une série scientifique qu’il déteste, il redéfinit lui-même son avenir, jusqu’à intégrer le Lycée Technique d’Abidjan, puis décrocher un DUT en gestion-commerce à l’INSET de Yamoussoukro. Bouillonnant, engagé dans les comités étudiants, il impose sa voix… déjà.

Embauché chez Jal Afrique, puis repéré pour son talent d’orateur, Fabrice fait ses premiers pas dans la vente industrielle. Mais son tempérament le rattrape : un jour, face à une remarque raciste et un traitement inégal, il décide qu’il montera un jour sa propre entreprise, avec une identité africaine forte. Le projet Voodoo est né dans sa tête bien avant son lancement officiel.

Après plusieurs postes, de Air Ivoire à Panafcom, en passant par des agences internationales, il découvre la publicité, tombe amoureux de la créativité, mais en rejette les codes eurocentrés. Il comprend que l’Afrique mérite une narration par elle-même. En 1999, il claque la porte et fonde Voodoo Communication, avec « les racines dans la terre et la tête dans le monde ».

 

Voodoo : 22 ans de créativité made in Africa

 

Voodoo, c’est aujourd’hui un groupe implanté dans 7 pays d’Afrique, avec plus de 700 collaborateurs, des centaines de campagnes menées, des marques africaines valorisées et une empreinte culturelle assumée. De la publicité au média (Life TV, Vibe Radio, Elle.ci, Life Magazine...), du marketing politique à l’hôtellerie, Fabrice Sawegnon construit un écosystème cohérent, basé sur la fierté, l’excellence et la transmission.

Il devient la plume et le stratège de leaders politiques sur le continent, dont Alassane Ouattara, Omar Bongo, Georges Weah, Soumaïla Cissé, Idrissa Seck, Lionel Zinsou ou encore Faure Gnassingbé. Il est introduit dans les cercles d’influence, côtoie chefs d’État, stars du sport, du cinéma et des affaires. Son carnet d’adresses est un actif aussi stratégique que ses campagnes.

 

Chutes, critiques, résilience : le prix de la lumière

 

Mais l’ascension ne s’est pas faite sans vertige. En 2018, lorsqu’il se lance en politique avec sa candidature à la mairie du Plateau, il essuie un tsunami médiatique, des attaques virulentes, des trahisons personnelles et une campagne destructrice. Il vit une descente aux enfers, voit sa mère injustement attaquée, ses proches se détourner.

Au lieu de s’effondrer, Fabrice Sawegnon se retire pour mieux rebondir. Il revient plus fort, recentré sur l’entrepreneuriat, l’audiovisuel et l’engagement social. Il multiplie les initiatives en faveur de la jeunesse : bourses, stages, masterclass, incubateurs, forums de motivation, programmes de première expérience professionnelle…

Fabrice Sawegnon, c’est l’histoire d’un jeune orphelin d’Abidjan devenu une figure centrale de l’industrie de la communication africaine. C’est l’histoire d’un homme qui refuse les compromis sur les valeurs, qui parle vrai, qui construit vite, qui pense loin. Il prouve qu’on peut être africain, ambitieux, rebelle, créatif et profondément enraciné dans son continent.

Sa trajectoire est un appel à la jeunesse : l’échec n’est pas une fin, mais une étape. Le rêve n’est pas un luxe, mais un devoir. En bâtissant son propre empire avec intégrité, il rappelle que l’Afrique a besoin de bâtisseurs, de rêveurs lucides et de leaders engagés. Originaire du Bénin, il en est l’un des plus éclatants exemples.


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2 Commentaires

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Envoyé !

Eunice
10 AVRIL 2022 à 20:30

Il n'a que le DUT, et voilà son brillant parcours. Les jeunes doivent aller à son école. C'est un travailleur infatigable, qui sait d'où il vient. Force à lui. Mon souhait le plus ardent est que nous puissions avoir un Fabrice dans chacun de nos pays africains.

Lysa
08 AVRIL 2022 à 18:48

Je viens de lire ce témoignage. Je ne savais pas qu'il avait enduré toute cette douleur avant d'être au sommet, aujourd'hui. Ah, la vie! Il y a toujours des haut et des bas. Fabrice a tout mon respect et toute ma considération. Après avoir lu son histoire, il y avait des détails importants que je ne savais pas, je suis tombée amoureuse de son leadership. C'est vraiment un modèle, un exemple, pour notre jeunesse, qui doit aller à son école, l'école de l'apprentissage, de la patience, de la sagesse, de la responsabilité, du respect des aînés, de la détermination, de la résilience... Merci au préfet Vincent de nous la révéler. Merci également à Notre Voix de la publier pour nous donner envie d'agir. J'ai vraiment aimé votre commentaire en chapeau. Il résume tout.

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